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La rafle des communistes à Annecy

Victimes d’un dénonciateur, 25 jeunes FTP sont arrêtés à Annecy le 23 mars 1943. Déportés, ils ne seront que onze à rentrer en 1945, dont Walter Bassan.

Par crainte d’avoir une une police pas assez répressive, Vichy crée des polices parallèles. Sont ainsi constitués un Service des sociétés secrètes en mai 1941 (SSS, en charge de la lutte antimaçonnique) et une Police des questions juives en octobre 1941 (PQJ). Alors que les résistants communistes se sont lancés dans la lutte armée contre lʼoccupant allemand, est créé le Service de police anticommuniste (SPAC) qui renforce lʼaction des brigades spéciales de la Préfecture de police de Paris. A lʼété 1942, ces polices parallèles sont intégrées dans la nouvelle Police nationale suite aux accords passés entre Oberg, chef de la SS et de la police allemande en France, et Bousquet, chef de la police française. Le SPAC est renommé le Service de répression des menées antinationales en juin (SRMAN).
À Annecy, un groupe de jeunes (de 15 à 25 ans) du quartier de la Prairie a rejoint le parti Communiste, interdit bien sûr et mis hors-la-loi, en novembre 1943. Ils sont intégrés aux Francs tireurs et partisans (FTP). Ils sont dénoncés par un camarade attiré par l’appât du gain – on offre 200 000 francs aux dénonciateurs - et arrêtés par les « canadiennes », cette police française dite « des menées antinationales ». Leur chef meurt sous la torture dans les locaux de l’Intendance à Annecy. Les jeunes sont transférés fin avril à la prison Saint-Paul de Lyon. Ils participent à une insurrection des prisonniers qui se rendent maîtres de la prison mais bloqués par les troupes allemandes qui encerclent Saint-Paul qu’ils investissent ensuite. Les annéciens sont alors emmenés, avec les autres prisonniers de Saint-Paul, directement en camp de concentration, sans passer – et ils sont sans doute les seuls dans ce cas – par un des centres de tri français comme Compiègne. Ils partent pour Dachau le 26 juin 1944 où ils arrivent le 2 juillet.
Quatorze vont mourir en déportation et onze seulement reviennent.
Parmi eux, Walter Bassan, qui fut une figure majeure des témoins de la Résistance.
Militant de l’ANACR de Haute-Savoie, président national de la FNDIRP (Fédération nationale des déportés et internés résistants et patriotes) en 2103, infatigable témoin auprès des publics scolaires, il raconte son histoire dans un film de Gilles Perret : « Walter, retour en résistance ».
Il fait partie d’une famille de résistants puisque son frère, arrêté avec lui, est mort en Allemagne, son autre frère s’engage dans la Résistance et fera partie des combattants des Glières.
Son engagement fut aussi bien politique que syndical. Il fait partie des "pères" de l’association « Citoyens résistants d’hier et d’aujourd’hui », fondée en réaction à la tentative d’appropriation du symbole des Glières par Nicolas Sarkozy. La photo le montre prenant la parole aux Glières le 27 mai 2012.
Walter est décédé le 5 septembre 2017, à 91 ans.
Sur les plaques apposées sur "l’intendance", rue de l’intendance à Annecy, on peut lire notamment :
Ici, en 1944, des patriotes ont été torturés et assassinés par des miliciens fascistes du gouvernement de Vichy (apposée le 20/08/1946)
Ici, dans ce bâtiment de l’intendance, de janvier à mai 1944, a siégé la police anti-communiste de l’État français, terrible force contre toute la Résistance (apposée le 8 mai 2010)

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